114. VISITE DE MUSÉES

Zeus m’entraîne dans un escalier en colimaçon. Nous descendons. Nouvelle porte. Nouveau couloir. Nous devons être sous terre, car il n’y a plus de fenêtres, plus de lumière du jour. Grande porte, long couloir, escalier sans fin, pont au-dessus d’une cour, tout en bas.

J’ai perdu tout sens de l’orientation. Je serais incapable de retrouver le chemin de la première salle. J’ai l’impression d’être entré dans un tableau d’Eischer avec des escaliers à l’envers et à l’endroit défiant toutes les lois de la perspective et de la réalité.

Le roi des dieux semble de plus en plus réjoui par ma présence. Il me tarde de partir d’ici et de réparer mes crimes sur Terre 18, mais Zeus me prend par l’épaule comme si nous étions de vieux amis.

— Je suis plutôt admiratif de ce que font les mortels. Comme je te l’ai narré, j’ai créé les humains mais je ne sais pas bien comment ils utiliseront les talents dont je les ai pourvus. Ils peuvent me surprendre. Ils peuvent inventer des tours auxquels je n’ai même pas songé. Ils sont si adorablement « imprévisibles ».

Il m’entraîne vers une pièce surmontée de l’inscription MUSÉE DES MUSIQUES.

— C’est mon musée personnel. Ici je rassemble les plus belles œuvres humaines. Les « créations » produites par mes « créatures » avec la part de libre arbitre que je leur ai offerte.

Il bascule l’interrupteur et des lustres en cristal s’illuminent.

— Cette première salle est consacrée à la musique. Ce sont les muses qui entretiennent mon « musée ».

Les compositeurs s’alignent, en photos sous cadre. Zeus les effleure du doigt et leur musique se déploie, occupe l’espace.

Le premier visage palpé est celui d’un homme des cavernes. Une vibration à base de cordes résonne, simple et rythmée.

— Il est le premier homme à avoir eu l’idée d’utiliser son arc de chasse et de guerre pour composer de la musique… tout un symbole.

Se présentent ensuite des visages d’hommes et de femmes aux coiffures antiques. Des inconnus.

— Eh oui, on ne connaît que ceux qui ont été peints, ou photographiés ou biographiés mais il y en a tant d’autres. Des inconnus qui seuls dans leur coin ont composé des symphonies extraordinaires. Elles n’ont profité qu’à nous, les dieux.

Il désigne le portrait de Vivaldi, et aussitôt « le Printemps » des Quatre Saisons se fait entendre.

— Pauvre Vivaldi. Lui c’est un cas. Une de ses œuvres « médiatisée » a occulté toutes les autres. Je sais que dans les magasins de Terre 1 on ne trouve de lui que Les Quatre Saisons. Pourtant son Requiem : extraordinaire. Et son Concerto pour flûte piccolo en do : une merveille. Ils ont une expression pour ça sur Terre 1. C’est « l’arbre qui cache la forêt ». Le morceau qui cache l’œuvre tout entière.

Il s’avance vers une autre image.

— Mozart. Mozart est la réincarnation de l’âme de Vivaldi. Il est revenu et il a pu faire mieux connaître les autres facettes de son talent.

Zeus me fait écouter des œuvres de Vivaldi, puis de Mozart et me fait prendre conscience de leurs points communs.

Il va vers Beethoven.

— Mozart, Bach, Beethoven, les mieux médiatisés. Ils étaient bons, mais dans leurs réincarnations précédentes et suivantes ils ont été tout aussi talentueux sous d’autres noms moins connus.

Il s’avance vers un visage anonyme. Une musique douce vient à nous.

— L’Adagio pour cordes de Samuel Barber. Autre cas étonnant. Il compose une seule œuvre prodigieuse et le reste est banal. Il a été touché par la grâce une seule fois.

À bien écouter je reconnais la bande originale des films Eléphant man et Platoon. Finalement le cinéma lui a apporté la gloire que sa carrière de simple musicien ne lui a pas accordée.

Des milliers de visages s’alignent dans ce couloir.

Zeus m’entraîne déjà ailleurs.

— J’aime l’art de Terre 1. À l’époque où nous avions installé Olympe 1 sur Terre 1, j’ai commencé cette collection. MUSÉE DES SCULPTURES, annonce l’inscription au fronton de la salle.

Œuvres crétoises, étrusques, babyloniennes, grecques, byzantines, carthaginoises. Je m’arrête devant une fresque crétoise représentant des dauphins et des femmes aux seins pigeonnants.

— Ah ! les dauphins… Tu as choisi un totem puissant. Sais-tu que les dauphins ont… un accès permanent à leur inconscient ?

— Je l’ignorais.

— Le dauphin est le prototype d’un projet encore plus ambitieux d’intelligence aquatique.

Je reste à observer l’image des dauphins et constate que certains sont montés par des hommes, comme moi sur mon île.

— Les dauphins possèdent, proportionnellement à leur corps, une masse cérébrale plus volumineuse que celle de l’homme. J’ai hésité à les faire régner sur leur planète, leur incapacité à vivre sur la terre ferme posait trop de problèmes.

Son regard dérive, et je me dis qu’il a quand même dû aménager quelque part, dans son jardin des sphères, une planète entièrement aquatique où des dauphins ont bâti leurs cités et développé leurs technologies.

Des statues sont plus modernes. Je reconnais la Victoire de Samothrace, la Vénus de Milo, le Moïse de Michel-Ange.

— Ah ! les humains… Leur talent, leur créativité est exponentielle… Tout comme leur pulsion d’autodestruction. Je me suis demandé si les deux n’étaient pas inséparables. L’humour est consécutif au désespoir. Cette beauté serait peut-être liée à leur pulsion de mort. Comme les fleurs qui poussent sur le fumier…

— Comment avez-vous fait pour réunir tous ces chefs-d’œuvre ?

— J’utilise une technique qui reproduit exactement l’œuvre terrienne. Les originaux sont au Louvre, au British Muséum, au Modem Museum de New York… et en Aeden.

Je déambule parmi les sculptures. Celles de Camille Claudel sont redevenues intactes malgré leur destruction lors de la crise de rage de l’artiste. Zeus me dit que c’est aussi l’avantage de ce musée, il conserve les œuvres détruites.

Nouvelle porte, nouveau musée, intitulé cette fois sobrement BIBLIOTHEQUE. Sur des étagères en perspectives infinies se serrent des ouvrages de toutes les époques. Des livres en parchemin, en cuir, en papyrus, d’autres en feuilles de soie.

Il me montre des manuscrits originaux de Shakespeare, de Dostoïevski, complètement inconnus.

— Je suis toujours peiné de voir comment, sur Terre 1, il s’est avéré difficile de reconnaître les vrais talents de leur vivant. Les vrais innovateurs ont rarement été identifiés. Je parlais de votre ami Georges Méliès, mort inconnu et dans la misère, forcé de vendre sa salle et brûlant ses films de désespoir alors qu’il avait inventé le cinéma fantastique. Mais je pourrais aussi vous parler de Modigliani, inconnu de son vivant, ruiné par son galeriste afin que celui-ci puisse racheter pour une bouchée de pain l’ensemble de son œuvre.

Zeus a un petit geste désabusé.

— Les Mozart ont toujours été supplantés par les Salieri, vous savez, ce musicien de la cour de Guillaume II qui était à la mode. Ceux qui innovent vraiment ne sont pas détectés par leur époque. Ce ne seront que leurs imitateurs qui connaîtront la gloire.

Le plus souvent en amoindrissant l’intensité de l’idée d’origine.

— Il y a quand même eu des génies reconnus de leur vivant : Léonard de Vinci par exemple.

— Il s’en est tiré de justesse, il a failli être condamné à mort, brûlé vif à 19 ans pour homosexualité.

— Socrate ?

— On ne connaît de lui que ce qu’en a raconté Platon. Or Platon n’a jamais vraiment compris son maître. Il défendait même parfois les idées contraires.

Je suis surpris de cette information.

— Comme disait Jonathan Swift : « On s’aperçoit qu’un nouveau talent est né au fait qu’il apparaît spontanément autour de lui une conjuration d’imbéciles. »

Zeus arrive face à une zone où s’alignent les livres de Jules Verne.

— Vous le connaissez bien je crois, remarque-t-il.

Aussitôt les images de notre rencontre sur l’île se bousculent dans mon esprit.

— Jules Verne publiait ses histoires dans un journal sous forme de feuilletons à suivre. Elles étaient éditées ensuite en livres, mais personne ne considérait à l’époque qu’il s’agissait de « vrais » livres. On pensait que c’était de la science vulgarisée à l’intention des jeunes. Il a fallu attendre soixante-dix ans après sa mort pour qu’une journaliste redécouvre ses ouvrages et le présente enfin comme un grand romancier.

— Jules Verne n’a pas vécu dans la misère.

— Non, mais sa femme l’accablait de reproches parce qu’il ne rapportait pas assez d’argent ! À un moment, sur ses conseils, il a même arrêté d’écrire pour se consacrer à la gestion de portefeuilles boursiers. Il a fallu que son éditeur Hetzel lui consente un pourcentage sur les ventes pour que Jules Verne persuade sa femme de le laisser poursuivre son œuvre. Vous savez comment il est mort ?

« En chutant d’une falaise d’Aeden ou emporté par un monstre dans les marécages », pensé-je.

— Son neveu, qui était joueur de cartes et alcoolique, lui réclamait souvent de l’argent. Un jour, Jules Verne a refusé de payer. En retour son neveu a sorti un revolver et lui a tiré une balle dans la jambe. La blessure s’est infectée. Il a beaucoup souffert avant de mourir.

Zeus s’approche de l’œuvre de Rabelais.

— Quant à Rabelais, à sa mort il ne restait que trois exemplaires de ses œuvres au tirage fort limité. Heureusement que le propriétaire de ces livres les a conservés et transmis jusqu’à ce que quelqu’un, bien plus tard, en redécouvre l’intérêt.

« Il en est de très bons qui n’ont même jamais été publiés. (Il me tend un épais manuscrit.) Celui-là était tellement novateur qu’il a été brûlé comme manuel de sorcellerie.

Il m’en tend un autre, puis un autre. Toutes ces histoires me mettent mal à l’aise.

Zeus pousse la porte MUSÉE DU CINEMA.

Il y a là des écrans plats rectangulaires de format 16/9e.

— C’est une partie toute récente de mon musée personnel, c’est votre amie Marilyn Monroe qui me le garnit. Elle a déjà fait « monter » vingt-cinq mille films.

Sur chaque écran apparaît une image fixe tirée d’un film célèbre. Il suffit de toucher l’écran et le film se met en route.

— Pour l’instant je n’en ai vu que trois mille. Et encore j’ai utilisé ma fonction de vision accélérée. Mes films préférés sont dans l’ordre : 2001, l’Odyssée de l’espace de Kubrick, Blade Runner de Ridley Scott et Brazil de Terry Gilliam.

— Que de la science-fiction ? m’étonné-je.

— C’est là où s’exprime le plus de créativité. Je ne vais pas regarder un film pour voir la même chose que ce qu’il se passe en permanence sur Terre 1 ou sur Terre 18.

L’argument est logique.

— Les réalisateurs et les scénaristes sont peut-être ceux dont le travail se rapproche le plus du mien. Ils dirigent une équipe pour faire raconter une histoire à des acteurs… Vous savez que je me fais souvent avoir : je ne parviens pas à deviner la fin de la plupart des films. L’imaginaire humain est si complexe.

Sur un écran, des gens en toge se déplacent dans un décor qui me semble familier.

— Le Choc des titans avec Laurence Olivier et Deborah Kerr. On y voit les dieux de l’Olympe réunis sur un nuage. Comique, non ? Par moments je modifie des éléments du décor d’Olympie en fonction des films humains que je découvre.

L’idée me fait penser à ces vrais gangsters de la mafia de Chicago qui essaient de ressembler aux personnages du film Le Parrain de Francis Ford Coppola. Qui imite qui ?

Zeus m’entraîne dans une autre salle : musée de l’humour. Là, des feuilles encadrées sous verre portent des petits textes dactylographiés.

— Encore une innovation. Ça, c’est Freddy Meyer qui me les fait monter. Contrairement aux films, les blagues je les déguste lentement. Une par jour. Jamais plus.

Il en déclame une à haute voix :

— « C’est un petit Cyclope qui dit à son père : « Dis papa, pourquoi les Cyclopes n’ont qu’un œil ? » Le père fait semblant de ne pas avoir entendu la question et continue de lire son journal. Mais le petit Cyclope n’arrête pas de répéter la même question. « Dis papa, pourquoi les Cyclopes n’ont qu’un œil ? À l’école tout le monde a deux yeux et moi je n’en ai qu’un. » Alors le père exaspéré dit : « Ah, là, là, ne commence pas à me casser la couille. » »

Zeus me propose de le suivre dans une salle adjacente qui annonce MUSÉE DES FEMMES. Là il y a des photos de femmes en tenues affriolantes ou même carrément dénudées.

— J’ai toujours considéré que les femmes étaient des œuvres d’art à part entière. Certaines connues, d’autres moins.

Zeus me désigne Cléopâtre, Sémiramis, la reine Cahina, la reine Didon, la reine de Saba, la reine Aliénor d’Aquitaine, Catherine de Russie. Il me désigne des beautés en toge, en tunique, en robe de bure.

— Je vois que tu es sensible aux charmes des gardiennes du feu, remarque le roi des dieux. Celles-ci sont des prêtresses d’Isis, des vierges du culte d’Athéna, des vestales. Et là les femmes du gynécée de l’empereur chinois Tsin Chi Houang Ti. Il avait créé un véritable système de détection des beautés. Mais il faut dire qu’à l’époque les critères d’esthétique étaient différents. Il fallait avoir des petits pieds, de longs cheveux, de grands yeux, des pommettes hautes, la peau blanche.

Nous continuons d’avancer.

— Même en Occident les critères ont changé. La fascination pour les gros seins par exemple est quelque chose de relativement ancien, celle pour les petits seins droits est plus récente.

Il montre des photos de femmes de toutes les époques. De même la peau bronzée était jadis un signe d’appartenance à la paysannerie. Ce n’est que très récemment sur Terre 1 que le hâle est devenu un signe d’appartenance aux classes supérieures. Mais les plus belles mortelles sont restées inconnues. Parfois restées vierges et cachées dans des couvents.

Quand il touche un cadre, la photo s’anime comme si ces jeunes filles avaient été filmées à leur insu dans un instant intime.

— Nous avons un point commun, Michael. Tous les deux nous nous sommes fait snober par des coiffeuses.

— Moi ce n’était pas une coiffeuse…

— Oui je sais, Aphrodite. Ah ! celle-là… je sais que son fils t’a raconté sa véritable histoire.

Il frôle le portrait de la déesse de l’Amour qui s’anime pour mimer un baiser soufflé dans l’air.

— Je la trouve belle, dis-je sobrement comme pour la défendre.

— C’est cela la magie rouge. Les femmes fatales. J’en ai connu quelques-unes. Une vraie drogue. Même moi, Grand Zeus, j’ai été transformé en marionnette par des gamines.

Il éclate de rire.

— Et j’ai trouvé cela… divin.

— Héra ?

— Oui, Héra a été une femme fatale. Normal : elle a été ma sœur avant d’être ma femme. Elle a mon caractère. Elle ne va pas se laisser mener par le bout du nez par n’importe quel homme. C’était une tueuse. Et puis elle est devenue une femme au foyer. Le quotidien abîme tout. Alors elle fait la cuisine, parle de moi. Elle vous a raconté sa théorie sur la tradition dauphin et le summum des antidauphins dirigé par l’Adolphe ? Elle réfléchit à beaucoup de choses dans sa chaumière. Je crois qu’elle veut ma place.

Il hausse le sourcil.

— Si elle croit qu’elle va me récupérer avec des odeurs de soupe au potiron… Et toi ? Tu en es où avec Aphrodite ?

— J’aime Mata Hari, dis-je.

— Oui, je sais. Je ne te parle pas d’elle mais d’Aphrodite. Elle en est où de ta destruction progressive ?

— Je n’y pense plus.

— Menteur.

— De toute façon il n’y a rien à en tirer, elle ne m’aimera jamais.

— On voit que tu ne t’y connais pas en femmes. Plus elle te pose d’obstacles, plus ça signifie que tu l’intéresses. Le seul problème avec Aphrodite, et c’est d’ailleurs le même avec toutes les femmes fatales…

— C’est qu’elle est incapable d’aimer qui que ce soit ?

J’attends.

Il me regarde avec intérêt.

— Non seulement elle ne peut aimer personne, mais elle est incapable d’éprouver du plaisir physique avec un homme. Elle les manipule d’autant plus facilement qu’elle ne ressent rien.

— Si je fais l’amour avec Aphrodite, elle connaîtra l’orgasme, dis-je comme un défi. C’est un problème de désir. J’installerai un désir.

Il sourit, malicieux.

— Je te rappelle que c’est… Mata Hari que tu aimes.

Nous passons une dizaine de couloirs et d’escaliers jusqu’à une zone plus claire.

Sous la pancarte MUSÉE DE L’INFORMATIQUE Zeus dévoile une pièce bondée d’ordinateurs, des plus anciens, de grosses armoires, aux plus petits, des portables. Toutes ces machines alignées sur des tables ne sont pas sans me rappeler l’évolution biologique. Des dinosaures aux singes.

— Ces machines, c’est de la mémoire. Quel paradoxe ! L’homme perd la sienne, et la livre aux ordinateurs. Ce sont eux les nouveaux gardiens du savoir.

— L’homme perd la mémoire ?

— Chaque jour les politiciens réinventent le passé pour qu’il s’adapte à leur présent. Au début ils se contentaient de mettre certains événements en lumière et d’en laisser d’autres dans l’ombre. Et puis progressivement ils changent les noms des villes, ils confondent l’histoire et la légende, ils nient les faits, jusqu’au moment où ils dynamitent les sites archéologiques pour être bien sûrs que le passé s’adapte à leur propagande. Le révisionnisme gagne du terrain.

— Comme les Romains ont fait croire que les Carthaginois se livraient à des sacrifices humains, comme les Grecs ont fait croire que les Crétois avaient pour roi un monstre qui mangeait des femmes.

Zeus m’invite à m’asseoir face à un ordinateur moderne et l’allume.

— Les mortels de Terre 1 ne se rendent pas compte qu’en vivant dans un monde de mensonges sur le passé il y a un prix à payer.

Il lisse sa barbe puis me regarde avec un rien de connivence.

— C’est pourquoi j’aime bien la devise des Québécois : « Je me souviens. » Tous les humains devraient avoir cette inscription affichée quelque part. Je me souviens d’où je viens. Je me souviens qui je suis. Je me souviens de l’histoire de mes ancêtres qui m’ont amené jusqu’à cette existence. Je me souviens de tous les déchirements qui ont créé cette humanité.

L’ordinateur affiche une demande de code d’entrée. Zeus hésite un petit instant comme s’il avait du mal à se rappeler son code puis tape plusieurs lettres.

Je lis par-dessus son épaule : g-a-n-y-m-è-d-e.

— Alors si le réel est remis en question, qu’est-ce qu’il reste ? Le virtuel.

Zeus m’explique qu’il « fait monter » des modèles de tous les ordinateurs et de tous les programmes au fur et à mesure qu’ils paraissent. Ce sera la charge de la prochaine muse. L’Informatique.

Il clique sur un programme et un jeu d’échecs apparaît sur l’écran.

— Au début je jouais contre l’ordinateur. Je gagnais toujours, et puis un jour j’ai perdu. Parce que les nouveaux programmes ont en mémoire toutes les parties jouées.

Il soupire.

— Dieu a créé l’homme. L’homme a créé l’ordinateur. Et déjà les machines me dépassent en certains domaines.

Il lance plusieurs programmes.

— J’ai trouvé des humains travaillant sur un projet informatique particulier. Cela s’appelle : LE CINQUIEME MONDE.

Le Cinquième Monde… Le programme sur lequel travaille Eun Bi…

— Ils veulent donner l’immortalité aux hommes grâce à l’informatique.

Je me souviens de l’idée de Korean Fox, l’ami de ma protégée.

— C’est encore de la science-fiction mais cela me donne à réfléchir. Ils reproduisent toutes les caractéristiques d’un individu en une personne virtuelle.

Zeus semble passionné par cette idée.

— Quand quelqu’un meurt, ils le font continuer à vivre en tant que personnage sur Internet. Tu perçois l’implication d’un tel projet, mon Michael ? Si on l’avait découvert plus tôt, on aurait pu générer un double immortel d’Einstein qui continuerait de calculer des équations, un double de Léonard de Vinci qui continuerait de peindre des tableaux, un double de Bach qui continuerait de créer de la musique, un double de Beethoven qui aurait écrit la 10e, la 11e symphonie. De la mémoire vivante et créative. Pas du clonage, ça ne marche pas. De la reproduction virtuelle. LE CINQUIEME MONDE est en train de fabriquer une humanité parallèle qui permette qu’on ne perde plus les talents particuliers.

— Mais les âmes des morts montent au Paradis.

— Cela ne change rien, leurs « avatars informatiques » resteront sur Terre grâce à ce projet. Et comme personne ne pourra éteindre d’un coup tous les ordinateurs… En fait les humains ont trouvé un moyen de devenir immortels… grâce à l’informatique, donc grâce au silicium, donc grâce au sable des plages.

— Mais alors ils seront comme nous.

Zeus me dévisage.

— Eh oui, les humains de Terre 1 sont déjà devenus immortels et ils sont déjà devenus des dieux… Le seul élément qui nous sauve c’est qu’ils n’en ont pas encore pris conscience.

Il accélère le mouvement de ses doigts pour torsader sa barbe.

— Le seul problème est que LE CINQUIEME MONDE est un monde créé par des mortels et régi par des règles inventées par des mortels. Ils ont donc constitué un nouvel espace qui échappe à notre influence directe…

— Si je comprends bien, l’homme est toujours sous l’influence des dieux, mais il a créé une zone artificielle qui échappe aux dieux.

— Comme si les singes des zoos avaient à l’intérieur même du zoo créé des petites cages où ils lanceraient des cacahuètes à des lémuriens, par exemple. Ou comme si les fourmis d’un terrarium avaient construit un nid rempli d’acariens qu’elles observeraient pour comprendre leur condition de fourmi.

Je comprends surtout que la vie de ma petite Coréenne Eun Bi est en train de modifier toutes les lois de l’univers.

Nous remontons dans la salle où j’ai rencontré Zeus pour la première fois.

— Maintenant, dit-il, tu sais tout. Et comme tu vois, cela ne change rien…

Soudain, quelque chose attire mon attention. Le fauteuil géant est tourné vers la fenêtre cachée par le rideau.

Le roi de l’Olympe s’arrête net de sourire.

— Je veux voir ce qu’il y a derrière cette fenêtre, dis-je avec une assurance qui m’étonne moi-même.

Zeus ne bronche pas.

— Je veux voir ce qu’il y a derrière ce rideau, répété-je.

Je prends conscience que les quelques fenêtres que j’ai vues durant notre visite, les balcons, les terrasses donnaient toutes vers l’ouest. Aucune n’était percée en direction de l’est. Tout dans ce palais est fait pour observer Olympie en bas, mais si nous sommes sur une montagne il doit forcément y avoir un autre versant.

La réaction de Zeus me confirme que j’ai touché un point important. Je me souviens soudain : « Le mot Apocalypse ne signifie pas « fin du monde », il signifie « la levée du voile », le dégagement du rideau d’illusion qui nous empêche de voir la vérité, parce que celle-ci est si étonnante que nous ne pourrions pas la supporter. »

— Je veux savoir ce qu’il y a derrière ce rideau !

Zeus ne bronche toujours pas.

Alors je me précipite vers la fenêtre, tire le rideau pourpre, ouvre la fenêtre et pousse les contrevents.

Le Souffle des Dieux
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